Les débuts (2/2)
Alors qu’en 1971, effrayé par le manque de réalisme de mon “Homme debout”,
je décidai de renoncer à la sculpture, la question de la normalité se posant
différemment pour l’écriture (ne suffisait-il pas qu’un texte respecte les règles
de grammaire pour qu’il soit considéré comme normal ? ), je poursuivis mes
travaux littéraires.
C’est à cette époque que, fort de la lecture des productions de la fin du
XIXème et du début du XXème, j ’explicitai ma vision d’un livre pertinent :
concision et émotion étaient les maîtres mots. L’ouvrage ne devait
comporter qu’un minimum de descriptions pour éviter les longueurs (et
l’ennui du lecteur qui le rendrait moins sensible aux stimuli émotionnels).
Inutile de distinguer les personnages entre eux, un il ou elle génériques
suffiraient à les faire entrer en scène. Pas de particularisme, une recherche de
pureté de la sensation, hors d’une analyse psychologique.
Un carcan aussi rigide que les règles d’unité de lieu, de temps et d’action du
théâtre classique français (encore inconnues de moi à l’époque).
Cela pouvait amener à une dilution extrême de tout récit au profit de
l’exploration d’un concept. La nouvelle “Attente” en est un exemple.
Mais, comme toutes les contraintes que l’individu s’impose lui-même, cette
exigence de concision et d’intensité émotionnelle était porteuse d’une grande
liberté.
Mes écrits se situaient entre roman philosophique (structuration et pensée),
nouvelle (brièveté et catastrophe) et conte (magie des images et onirisme).
Cela me permit de traverser le désert de 17 ans d’arrêt de la sculpture jusqu’à
la reprise en 1988.
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